Dans cette série d’articles de blogs, nous partons à la rencontre de personnes qui ont connu un changement professionnel significatif, parfois volontaire, parfois imposé par les circonstances. Reconversion, grosse évolution ou changement radical de contexte, nos invité(e)s nous racontent leur parcours, leur ressenti et leur expérience. Dans cet article, nous découvrons Aurélie qui a quitté le salariat pour se lancer en libéral.
Aurélie, psychologue clinicienne et psychothérapeute de formation. Je suis aussi sophrologue depuis 2017 et également thérapeute de couple et famille. Je travaille à Reims dans la Marne.
J’ai été diplômée en 1999 d’un DESS psychologie clinique et psychopathologie.
Mon 1er poste était dans une association d’accompagnement de personnes en situation d’exclusion. Je les accompagnais sur le versant psychologique et insertion pro (bilan d’orientation pro…). J’ai également accompagné des personnes moins en difficulté sur la partie bilan de compétences. Grâce à cette expérience, j’ai pu accéder ensuite à une autre association où j’ai travaillé comme psychologue pendant 13 ans auprès de personnes en précarité sociale et psychologique. Au début de mon libéral j’ai travaillé pendant cinq ans à temps partiel en EPHAD public.
Au moment d’un licenciement en 2015, j’ai mis en place un nouveau projet pour m’installer en libéral. Pour compléter mes compétences, j’ai commencé une formation de thérapeute de couple et de famille, et une autre de sophrologue pour proposer une approche psychocorporelle. Cela m’a permis de me sentir plus légitime pour m’installer en libéral.
Au moment du licenciement j’avais une difficulté avec l’institution à ce moment-là : la hiérarchie etc. La fin du poste avait été douloureuse. J’avais envie d’être à mon compte et de garder en même temps du salariat. J’ai ouvert en libéral le 1er septembre 2015 à 100% puis je suis allée chercher un poste à 50% en EPHAD. J’y ai vécu le COVID et cela a mis en lumière tous les dysfonctionnements de l’institution et mes valeurs professionnelles ont été un peu piétinées. J’ai donc arrêté le salariat fin 2020 et j’ai alors décidé de prendre le risque de me lancer à 100% en libéral malgré les risques financiers (pas d’assurance d’avoir un salaire à la fin du mois, retraite…).
J’étais excitée et en même temps j’avais la trouille, c’était stimulant, hyper motivant. Ça redonnait du sens à mon travail. Je ne changeais pas complètement de métier mais c’était dans un environnement différent, j’allais recevoir des personnes différentes. Donc j’avais un peu de stress et d’appréhension car il y avait de l’enjeu et j’étais seule avec un enfant. Aujourd’hui ça fait 8 ans et demi et je suis ravie. Il n’y a plus le stress du salaire car mon agenda est très rempli. Il reste un peu du stress de l’administratif et du financier. J’ai sauté le pas il y a environ 1 an d’acheter mon local professionnel. Je me sens super à l’aise. Je suis 100% libérale depuis 2020 et je continue à voir des collègues en intervision pour échanger sur des situations difficiles, être en lien avec d’autres professionnels.
Oui j’ai été accompagnée à la création d’entreprise par un prestataire de service de Pole Emploi (aujourd’hui France Travail). Ça a duré environ 3 mois avec des rendez vous réguliers. Elle m’a aidé à monter le projet, le business plan, voir les outils de communication, choisir et mettre en place le statut… Elle m’a aussi donné des pistes pour me permettre d’avoir un prêt d’installation grâce à des organismes qui aident les femmes entrepreneures en leur servant de garantie. Du coup la banque a bien voulu m’accorder un prêt même si j’étais au chômage car j’avais cet organisme en soutien. Je suis formée à la psycho pas à la compta donc c’était essentiel d’avoir cet accompagnement.
Non je n’ai pas fait de bilan de compétences. J’ai moi-même fait le point sur les compétences que j’avais par rapport à ma nouvelle activité. J’ai préparé mon projet car même si c’est le même métier, ce n’est pas la même activité donc j’ai dû transférer mes compétences. Il fallait que je réapprenne à travailler car les entretiens, les patients sont différents. J’ai dû acquérir des compétences plus générales par des conférences en ligne pour me mettre à jour.
Oui sûrement car un bilan de compétences cela structure beaucoup. Cela permet que le projet soit cadré, ce n’est pas juste un projet comme ça. Cela permet d’aligner l’activité avec ses valeurs. Il fallait que je sois au clair avec le fait d’être autonome, de ne plus avoir de hiérarchie… oui je pense que cela aurait pu m’aider en plus de l’accompagnement dont j’ai bénéficié.
Cette année je vais faire une nouvelle formation en septembre en EMDR (technique de mouvement des yeux qui aide en situation post traumatique pour évacuer des blocages). C’est un besoin que j’ai identifié chez certains de mes patients et pour l’instant je les adresse à des consœurs ou confrères qui sont formés.
Que cette activité dure longtemps. Je ne m’épuise pas du tout de l’accueil, de l’accompagnement de mes patients. C’est assez incroyable et ça fait du bien, j’espère que ça va durer jusqu’à la retraite ! Et aussi de pouvoir continuer les formations car je trouve cela hyper stimulant, comme par exemple la nutrition pour mieux accompagner mes patients en situation d’obésité et qui vont subir une chirurgie etc
De bien préparer le projet, non seulement au niveau administratif et financier mais aussi en termes de communication, d’offre de service pour les patients. J’avais préparé comment j’allais accueillir les gens, ce que j’allais leur dire… et ensuite j’ai affiné mais il faut être très précis. Il faut penser à l’ambiance qu’on veut mettre dans le lieu dans lequel on va recevoir les gens… Donc vraiment, il faut préparer son projet !