Bilan de Compétences

MARINE : DE JOURNALISTE À PROFESSEUR DES ÉCOLES EN PASSANT PAR LES ONG

2025-06-19
Temps de lecture : 6 min

Dans cette série d’articles de blogs, nous partons à la rencontre de personnes qui ont connu un changement professionnel significatif, parfois volontaire, parfois imposé par les circonstances. Reconversion, évolution de carrière ou changement radical de contexte, nos invité(e)s nous racontent leur parcours, leur ressenti et leur expérience. Dans cet article, nous découvrons Marine qui a démarré dans le journalisme puis est passée par une ONG avant de se lancer pour devenir Professeur des écoles.

Qui es-tu ?

Je suis Marine, j’habite à Toulouse depuis presque 10 ans. J’ai 31 ans, bientôt 32. Je suis maman d’une petite fille de quatre ans et j’ai repris mes études en septembre 2024 pour devenir professeure des écoles après avoir travaillé pendant sept ans dans le secteur associatif.

Quel est ton parcours ?

Tes études

Au départ, je voulais être journaliste, j’ai donc commencé par une licence d’information communication à Nice, où j’ai fait uniquement la première année, parce que finalement ça ne me plaisait pas tant que ça, je m’ennuyais. Donc j’ai passé des concours pour entrer dans une école de journalisme qui acceptait directement en post bac. J’ai été acceptée en deuxième année à l’IEJ Paris. C’était un cursus qui allait jusqu’au Master 1 avec une spécialisation en investigation documentaire Grand Reportage que j’ai obtenu en 2015. Puis j’ai fait des stages dans différentes boites de production avant de finalement partir à Toulouse. J’avais envie de changer de ville et de travailler pour ensuite pouvoir voyager. Après quelques années, j’ai voulu reprendre des études en documentaire. Ça ne l’a finalement pas fait et j’ai mal vécu le dernier oral que j’ai passé, les examinateurs n’étaient pas bienveillants, au contraire. La mentalité de ce milieu, me plaisait de moins en moins, j’ai eu quelques opportunités professionnelles qui m’ont permis d’exercer en respectant mes valeurs mais financièrement ça ne suivait pas du tout ce n’était pas viable donc j’ai dû travailler dans un autre domaine.

Ton expérience professionnelle

Comme je ne me suis pas retrouvée à ma place au niveau des valeurs et de la mentalité dans le journalisme et que financièrement ça ne suivait pas, j’ai donc repensé petit à petit, à ce que je pourrais faire. J’ai commencé à travailler pour des associations comme recruteuse d’adhérents, essentiellement pour Greenpeace. Ça m’a permis d’avoir un travail ou je sensibilisais sur des causes qui pour moi sont importantes, d’être au contact d’énormément de personnes différentes, d’être en déplacement dans toute la France, tout en ayant du temps libre grâce au type de contrat proposé. Ça m’a permis de voyager et d’avoir un travail qui à du sens et dans lequel je me sentais utile, c’est que je voulais. Ensuite j’ai eu besoin de plus de stabilité et je voulais arrêter les déplacements. Je me suis posée la question de reprendre mes études dans l’herboristerie parce que ça m’intéressait. Mais finalement je ne l’ai pas fait, la formation était payante, il n’y avait pas suffisamment de débouchée d’assurée et je suis tombée enceinte à ce moment-là. Un poste s’est finalement libéré en CDI dans le service de collecte de fond en face à face, au bureau de Greenpeace,à Paris et j’ai été prise. J’ai été donc pendant 2 ans et demi chargée de mission communication et suivi qualité, c’était un poste très polyvalent ou j’avais de nombreuses tâches différentes, beaucoup de possibilités de projets différents, de l’autonomie et je conservais ce lien entre le bureau et le terrain. Toujours sur Toulouse, j’étais à 60% en télétravail et je devais aller régulièrement à Paris et avec ma fille qui était encore bébé, les déplacements m’ont finalement épuisée et j’ai eu des soucis de santé. C’est donc là que j’ai décidé de faire cette reconversion.

Le changement

Pourquoi ?

Pourquoi le changement? Parce-qu’en fait mon travail à Greenpeace, il me plaisait mais les déplacements entre Toulouse et Paris avec ma fille bébé m’ont épuisée, j’ai eu des soucis de santé et j’ai donc été en télétravail prolongé. Ça avait de nombreux avantages pour ma santé et pour retrouver un équilibre mais ça a été à double tranchant, j’ai eu l’impression que mon travail perdait en qualité et en impact avec la distance et je ne m’y retrouvais donc plus. j’ai perdu du sens et du contact nécessaire à la bonne réalisation de mes tâches et sur le long terme, ce n’était pas possible de continuer comme ça. Le 100% télétravail était provisoire et je ne me voyais pas reprendre les déplacements. J’avais besoin de retrouver du sens, de retrouver de la valeur à ce que je faisais tout en restant dans cet aspect de transmission. C’est ce qui m’avait plu avec le journalisme et avec Greenpeace, c’était que c’était des moyens de participer, de penser et de faire évoluer la société et donc je me suis dit: mais qu’est-ce que je pourrais faire qui permet d’agir sur la société.

Comment cela s’est-il passé ?

Le réel déclic en fait ça a été ma soeur. Un midi, on mangeait toutes les deux, c’était justement la période ou j’étais en arrêt à cause de mes soucis de santé, j’étais donc en pleine remise en question et elle m’a dit “ en fait tu devrais faire professeure des écoles” et c’est vrai qu’au départ je n’y avais pas pensé et le fait d’en discuter, qu’elle m’explique pourquoi, qu’elle y mette du sens par rapport à ma personnalité, j’ai commencé à y pensé, l’idée a germé, j’ai commencé à essayer de me projeter, à y réfléchir, à me renseigner et ça a infusé. Et en fait, la façon dont on va éveiller les enfants, développer leur esprit critique, tout ce qu’on va essayer de leur transmettre et qui vont potentiellement apprendre à l’école ça leur servira et c’est eux, les futurs adultes, qui feront la société de demain. Ca, ça m’intéressait particulièrement et de pouvoir les accompagner dans leurs apprentissages. Je me suis dit : « En fait, elle a raison, il faut que je me lance, Il faut que j’essaye. » Je me suis donc renseignée sur ce que je devais faire pour me former au métier et passer le concours et donc ce qui m’a semblait le mieux c’était de reprendre mes études pour faire un master MEEF 1er degré.

Comment as-tu vécu cette phase de ta vie ?

Je l’ai bien vécu, ça m’a permis de prendre un nouveau départ avec un nouveau projet, j’étais très motivée. Au départ, je ne l’ai pas ressenti comme un grand saut, je ne l’ai pas vu comme une fin en soit, c’est à dire comme une grande décision qui ne pourra plus bouger. Je me suis dit: « C’est quelque chose que tu peux essayer, mais si tu dois changer et que ça ne va pas, tu changeras et puis voilà quoi. » Avoir ce projet, ça m’a vraiment aidé parce que c’est arrivé au moment où ça n’allait pas, ça m’a redonné un objectif et j’ai pu me dire, mais en fait, il y a d’autres choses que tu peux faire et qui vont te plaire. Ca m’a permis de rebondir et de me projeter à nouveau. Ça a été un moteur pour redémarrer. J’ai assez rapidement réussi à me projeter à me dire : « Ok, bon, si je fais ça, je pourrais faire comme ci comme ça, qu’est ce qui m’intéresse … ». Et le fait d’avoir démarré une demande de Transition Pro, même si ça n’a pas abouti pour le financement, j’ai annoncé mon départ à mon employeur et ça enclenché les démarches et les étapes à faire pour reprendre mes études. Le bilan de compétence et le suivi que j’ai eu avec toi et le stage d’observation ont permis de vraiment valider ce projet et de me donner confiance, ça a décuplé ma motivation et ça m’a aidé dans la projection et dans ce que je devais faire pour y arriver. Même si ça n’a pas été simple à mettre en place, c’est assez vite devenu concret entre le moment où j’en ai discuté avec ma soeur et où j’ai commencé à planifier la transition, j’étais contrainte aussi par la date de fin des candidatures au Master qui était en mars. En tout, il y a eu 8 mois entre le début des démarches pour ma reconversion et la reprise d’études. C’était intense et c’est allé assez vite, le fait de faire le bilan de compétence en même temps ça m’a permis de ne pas perdre le fil, de m’y mettre fond et de rester motivée.

Comment as-tu été accompagnée ?

Comment j’ai été accompagnée, c’est essentiellement toi qui m’as accompagnée. Au départ je voulais obtenir un financement pour garder une rémunération durant la reprise d’études. J’ai donc fait une demande à Transition Pro et des interlocuteurs de la structure étaient là pour m’aider si besoin pour les pièces à fournir pour monter le dossier. Ca m’a permis de faire le stage d’observation c’était important pour être accepté en master. J’avais aussi, au début, était suivi par une conseillère d’orientation qui était censée m’aider dans la reconversion . Mais je n’ai pas été satisfaite de son suivi qui était en fait limitée à la vérification des éléments à fournir à Transition Pro. L’organisme ne finançant que l’année de formation diplômante et le master étant sur 2 ans, ils n’ont donc pas financé mon projet. C’est donc l’accompagnement que j’ai fait avec toi qui m’a concrètement le plus servi et qui m’a permis de réfléchir à toutes les étapes et les possibilités permettant d’aboutir à la reprise d’étude.

Comment le bilan de compétences t’a aidé dans ce projet ?

L’accompagnement avec toi en bilan de compétences m’a donné du sens et de de la confiance, ça a confirmé mon envie d’essayer ce métier et de faire cette reprise d’étude. Ca a permis de me dire que ce n’était pas juste une décision prise sur un coup de tête. Je pense que le bilan ça y a mis de la valeur et du sens parce que ça m’a permis de me poser les bonnes questions de fond que je ne m’étais pas forcément posées, ça a permis d’aller creuser sur ma personnalité, ce que j’avais fait professionnellement, vers quoi je voulais aller, est ce que ça avait du sens et du lien et est-ce que ça pouvait se faire, est ce que ça pouvait vraiment me correspondre, est-ce que j’en avais les capacités et les compétences, qu’est ce qui me manquait et comment l’acquérir. Parce-que même s’il y a possibilité de rebondir et de changer de nouveau, je quittais un CDI et une stabilité pour 2 ans d’études, donc il fallait quand même ça puisse aboutir, que je ne sois pas en train de me lancer dans n’importe quoi. Les enjeux pour moi et ma famille derrière sont importants. Mon conjoint qui se lançait aussi de son côté avec notre fille qui est petite, avec les frais de maison, avec tous les frais qu’il y a dans la vie en fait, c’était quand même un grand saut, donc il y avait quand même besoin d’avoir ce, je ne sais pas comment dire, cet appui à côté qui me dit: « Ok, ben, on va aller voir si tu es dans un bon chemin de décision. » Et je pense que ça m’a donné de la confiance. En fait je pense que cet accompagnement, ça m’a réellement donné de la confiance pour entreprendre et me lancer dans cette reconversion.

Et la suite

Quels sont tes projets ?

Alors quels sont mes projets Là, ça serait de finir mes études, de passer le concours. De voir où est-ce que je suis prise au niveau du concours, et après de démarrer comme professeure des écoles. J’ai envie d’aller jusqu’au bout. Je ne regrette pas du tout au contraire. Mon projet, c’est de continuer là-dedans de devenir vraiment professeure. Après ou comment ça, je ne sais pas parce que c’est vrai que les contraintes qu’on avait anticipées pendant le bilan de compétences là je les ai de façon plus frontale. Je suis vraiment dedans, donc je vois vraiment l’impact que ça a, je me rends plus compte des déplacements et ces contraintes d’être envoyée dans l’un des 8 département de l’académie. Je commence à me dire: « Ok, bon si demain on me dit que je vais aller travailler dans le Lot…je ne veux pas aller travailler dans le lot, quoi en fait. Il y a des choses que je ne suis pas prête à faire, mais par contre, de pouvoir quand même faire la profession d’une façon différente, c’est à dire sans être titulaire. Ça, oui, je l’envisage complètement de pouvoir être contractuelle vu que j’aurais été formée. Après je garde toujours en tête une des enquêtes que j’avais faite. C’est toi qui m’avais mis en lien avec elle, elle aussi a fait une reconversion et son poste était super intéressant parce qu’elle n’avait pas sa classe, mais elle était remplaçante pour des professeurs qui s’absentent pour des formations. Donc tu as ton planning, qui est donné au début de l’année, et tu sais déjà les remplacements que tu vas faire en fait, je trouve ça super intéressant de commencer par des remplacements, donc je sais que si on me le propose, c’est quelque chose qui me tente bien de ne pas forcément débuter direct avec ma classe, mais d’avoir la chance de pouvoir remplacer sur les 3 cycles parce que je trouve que c’est une bonne expérience et tu te nourris et t’apprends énormément aussi des autres, et donc ça, c’est quelque chose qui pourrait m’intéresser dans le projet à venir. Et voilà bon, en tout cas le projet, c’est de continuer là-dedans et de pouvoir être prof, et c’est pour ça aussi que je là, je candidate pour l’année prochaine pour aller en alternance.

Que peut-on te souhaiter ?

Déjà, que j’ai mon alternance, car si j’ai l’alternance l’année prochaine, ça veut dire que j’ai ma classe pendant 288 h dans l’année. C’est un lundi par semaine, plus certains mercredis, . La totalité des stages qu’on fait en parallèle, qui sont à peu près six semaines de stage où je serai pas en observation, mais je serai en responsabilité, donc j’aurai également ma classe pour différents cycles, donc ça, c’est une étape de plus, c’est ce qui a de plus formateurs ça permet d’acquérir de l’expérience tout en étant accompagnée. Aussi, comme je travaillais avant ne pas vraiment travailler, ça me manque aussi, c’est bizarre d’être juste au statuts d’étudiante. Donc là, tu vois, je me suis formée pendant un an la suite, ce serait bien de pouvoir vraiment commencer en plus à mettre un pied dedans, mais tout en étant encore formée.
Ensuite d’avoir mon concours et d’être bien classée pour avoir un lieu qui me plait ou de pouvoir commencer comme remplaçante dans ma circonscription, ça serait top.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à quelqu’un qui veut se reconvertir ?

De se faire accompagner, de pas avoir peur de ces de ces étapes-là, de se faire conseiller par des personnes qui sont spécialisées et qui vont avoir le recul, qu’on n’a pas forcément, pour se poser les bonnes questions et voir tous les aspects du projet. Et de se dire peut-être que oui, c’est un grand saut, mais que si on est accompagné et qu’on organise et anticipe les étapes c’est faisable et ça vaut le coup. Et de faire en fait ce bilan de compétences ou un autre type d’accompagnement, je trouve que ça permet de consolider le projet, de se donner confiance, de savoir si on a pris la bonne voie, de mieux se rendre compte des compétences qu’on a acquises et de ce qui peut nous manquer. Aussi, y’a plein d’autres voies qui se ressemblent qui nous correspondraient peut-être mieux, et je pense que quand on fait un grand saut comme ça, de reconversion ou de se lancer dans un nouveau projet d’être soutenu par des personnes qui sont professionnelles et qui ont un regard extérieur, ça aide, ça aide énormément, en fait. Ça aide énormément parce que ça nous permet de voir des éléments qu’on n’avait pas forcément pris en compte, que ce soit de l’aspect professionnel ou de sa propre personnalité, ça amène à se poser des questions et à avoir un recul qui est différent, parce qu’on peut avoir un peu la tête d’un guidon et foncer dedans, tête baissée, ou au contraire, d’avoir peur et de ne rien faire. Et j’ai trouvé que ça m’a énormément aidé et je recommande à tout le monde, d’avoir la chance de pouvoir le faire un jour. Mais même sans avoir envie de faire un nouveau projet ou de se reconvertir, de faire un bilan comme ça je trouve que c’est très positif et valorisant. Parfois, selon là où on en est dans sa carrière, ça peut permettre aussi de voir des choses différentes et de retrouver du sens et de se re-stimuler même en restant dans le même travail. Il y a plein de possibilités et je pense que ça peut aider à redonner du sens dans ce qu’on fait.

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