Dans cette série d’articles de blogs, nous partons à la rencontre de personnes qui ont connu un changement professionnel significatif, parfois volontaire, parfois imposé par les circonstances. Reconversion, grosse évolution ou changement radical de contexte, nos invité(e)s nous racontent leur parcours, leur ressenti et leur expérience. Dans cet article, nous découvrons Nathalie qui après plusieurs années dans l’enseignement a évolué vers le rôle de psychologue scolaire.
Je suis Nathalie, j’habite à Arras dans le Pas-de-Calais. J’ai 49 ans. Je suis mariée avec deux enfants adultes aujourd’hui.
Alors, j’ai démarré avec des études de psychologie. Jusqu’en maîtrise que j’ai arrêté pour être professeur des écoles. Donc j’ai fait les deux années de formation à l’institut universitaire de formation des maîtres, pour être professeur des écoles pendant une quinzaine d’années à peu près. Pendant la formation, la première année préparait au concours et ensuite tu continuais une deuxième année de formation avec des stages et seulement après tu devenais titulaire d’un poste.
J’ai démarré dans des écoles, sur des postes à mi-temps, je comblais plusieurs mi-temps. Et puis, mais assez rapidement, j’ai obtenu un poste titulaire de ma classe, proche de chez moi, et je suis restée quasiment jusqu’au bout avec des changements en interne. Et puis c’était confortable parce que j’étais maman deux petits. C’est ce qui fait que je suis restée stable aussi longtemps. Je suis allée de la grande section jusqu’au CM2. Même si je suis testée stabledans ma fonction, j’aime le changement. J’ai accueilli des stagiaires, j’ai bougé en interne, avec des décloisonnements ou l’intégration du numérique avec les élèves, je m’y suis mise rapidement avec une collègue, et ensuite j’ai accompagné mes collègues en interne. J’ai aussi accueilli des stagiaires. L’idée c’était de pouvoir avoir une disponibilité pour mes enfants aussi. Avec mes collègues, j’organisais des voyages scolaires aussi, le plus gros c’était à Paris tous les 3 ans.
D’abord, parce que c’était une idée que j’avais en tête depuis que j’avais arrêté mes études de psy, simplement. Ça reste une passion, c’est quelque chose qui me plaît beaucoup et j’avais bien en tête depuis le début d’y revenir. Pourquoi à ce moment-là ? Parce que mes enfants ont grandi, mon deuxième était au collège et je me suis dit que c’était le moment ou jamais, donc je me suis lancée. Et puis, la deuxième raison, c’est parce que j’ai vu aussi des collègues autour de moi s’aigrir dans leur métier en vieillissant, et je ne voulais absolument pas que ça m’arrive.
J’ai fait les démarches pour être psychologue scolaire. La démarche, c’était de demander un entretien, donc de faire la demande pour faire la formation. J’ai eu un entretien à Lille puis à Paris. On m’a informée qu’il y allait avoir de gros changements au niveau du recrutement et qu’on allait exiger un niveau master en psychologie. On m’a dit ce serait bien que je reprenne mes études dans ce sens, que ce serait plus simple pour moi. Je n’ai pas été retenue la 1ere année, et l’année suivante j’ai refait la démarche et en parallèle j’ai fait une demande de congé de formation professionnelle. Au mois de mars, c’est cette dernière demande qui a été acceptée, j’ai fait les démarches pour m’inscrire à l’université de Lille, pour reprendre un master en psychologie avec le parcours Développement, éducation, handicap : individu et société. Avec le recul, je suis très contente de l’avoir fait. Déjà parce que j’ai de nouveau côtoyé le milieu universitaire ; c’est un milieu très intéressant en termes d’ouverture, de culture, et pas seulement dans le domaine où on étudie. Par exemple, culturellement, j’ai rencontré des personnes qui viennent de divers horizons français ou étrangers. Pour moi, ça a été vraiment un moment riche humainement, culturellement et scientifiquement. J’ai dû me remettre à l’anglais aussi, ce qui a été la chose la plus complexe pour moi, parce que la psychologie, je lisais encore pas mal de livres, j’étais encore bien dedans, l’anglais plus du tout. Et donc j’ai fait, avec ma famille, un voyage à Malte de trois semaines avec une immersion complète ; une école d’apprentissage de l’anglais où on était en école le matin et en visite libre l’après-midi. Ça m’a beaucoup aidée aussi. Depuis j’ai intégré le corps des psychologues de l’éducation nationale.
Bien, mentalement bien, parce que c’était un vrai souhait de ma part. Et puis je vivais quelque chose que j’aimais bien. J’étais dans la découverte et ça répondait à des besoins vraiment importants pour moi. Donc vraiment bien. Mentalement. Après, physiquement, c’est quand même un challenge quand on quitte le confort d’un quotidien. Il y avait le transport, il faut gérer la reprise d’études, et puis la vie de famille. C’est mettre aussi beaucoup de choses entre parenthèses. Alors moi, j’en ai pas vraiment souffert. J’en ai pas souffert parce que j’étais à fond dans ce que je faisais. Mais pour la famille, c’est aussi un challenge. Voilà, il faut être bien accompagné par ses proches ; pour cela, il faut bien expliquer ce que ça implique pour eux, en discuter, parce qu’on disparaît un peu des radars, on ne participe plus forcément aux réunions de famille, on n’a plus les loisirs qu’on avait avant. Par exemple, je laissais mon mari et les enfants aller au cinéma, je ne les accompagnais pas parce que j’étais dans mes bouquins. Il y a des choix à faire, il faut que tout le monde adhère, c’est important, je pense.
Quand je me suis inscrite à l’université, il y a un service d’accompagnement pour la reprise d’études pour les personnes qui travaillent. J’ai eu plusieurs rendez-vous avec cette personne. Pour m’expliquer les démarches que ce soit au niveau de l’université, mais aussi au niveau de tout ce qui est prise en charge financière, puisque c’est quand même aussi un gros sujet. J’ai été assez accompagnée, mais de manière très courte, c’est-à-dire que c’est uniquement dans le temps de la transition, les deux ans qui ont suivi, je n’ai pas eu d’accompagnement.
Non.
Alors, avec le recul oui. Et puis parce qu’aujourd’hui j’ai encore des questions et que finalement peut-être ce bilan aurait répondu à un grand nombre de ces questions. Donc je pense que pour mieux se connaître, oui, ça aurait été pas mal.
Alors, j’ai pas mal de projets. Je fonctionne toujours de la même façon. C’est-à-dire que là, j’ai des projets en interne. J’ai des missions. Je dis jamais non à de nouvelles missions, en fait, parce que j’aime ça. Par exemple, actuellement, je suis référente harcèlement dans mon secteur. Tous les deux ans, je participe à un congrès qui est organisé par l’AFPEN (l’Association Française des Psychologues de l’Éducation Nationale) ça me permet de faire émerger de nouvelles idées pour ma pratique. Dans ce cadre-là, j’ai participé à l’étalonnage d’un nouveau test qui va sortir bientôt. Ça, c’était aussi quelque chose de très intéressant. J’ai également le projet, à plus long terme, de changer de secteur pour voir d’autres fonctionnements, cela dépendra des occasions qui se présentent. Et puis, à long terme également, je me pose la question de me lancer dans un diplôme universitaire. J’ai plusieurs pistes, avec l’objectif de me spécialiser dans un domaine et pourquoi pas faire au moins un mi-temps en libéral sur cette spécialité-là ? Voilà, ce sont des questions que je me pose.
Qu’est-ce qu’on peut me souhaiter ? M’épanouir dans mon travail, en fait. C’est vraiment mon leitmotiv.
Je pense qu’il ne faut pas se poser trop de questions. Parce que si on se pose trop de questions, on finit par ne voir que les points négatifs et on a peur de se lancer. Je me rappelle très clairement le jour où, avec mon mari, on a pris la décision… Et où ça a été « qu’est-ce qu’on fait ? Allez, on se lance. » Ça a été une décision rapide, en couple, vraiment. On ne s’est pas posé trop de questions. On s’est dit, allez, on se lance, on verra après. Et finalement, j’ai aucun regret ; les questions, on y répond au fur et à mesure. C’est sûr que c’est plus confortable quand on est accompagné, et c’est rassurant aussi. Et je pense que ceux qui n’osent pas se lancer, c’est justement ce problème-là, c’est cette peur de ne pas se sentir en sécurité, et certainement que l’accompagnement d’un professionnel, ça apporte la sécurité qui fait qu’on peut se lancer après. Le congé de formation professionnelle c’est vraiment une super aide, c’est très confortable. Je ne sais pas si ça va durer dans le temps, mais moi ça m’a permis d’avoir une rémunération à 80% de mon salaire. Donc finalement on s’en sort bien. C’est vrai que d’être en couple, d’avoir son compagnon, c’est aussi une aide précieuse. Moi, il avait aussi envie à ce moment-là de changer, ça bougeait dans sa structure et il commençait à se poser des questions ; il a attendu que je sois vraiment en fonction pour se lancer à son tour. Après des freins on en a, on en rencontre. Par exemple, j’en ai rencontré avec mon fils, finalement c’est lui qui a le moins bien vécu ce changement et où ça a été un challenge après de l’aider, de l’accompagner dans son propre parcours. Des freins, on en a toujours. C’est pour ça qu’être accompagnée, pour prendre les bons chemins, les meilleures décisions, pour faire les choses de la manière la plus structurée possible, avec quelqu’un de compétent forcément, je trouve que ça c’est vraiment un plus.